Retour sur l’année 2024 des métiers d’art : bilan, acteurs et perspectives pour 2025

Auteur.rice :

Lisa Millet

Date de publication :

20/12/2024

L’année 2024 aura été riche en événements pour les métiers d’art français, entre célébrations spectaculaires, défis financiers et initiatives structurantes. Ce secteur essentiel, à la croisée du patrimoine, de l’innovation et du développement local, a su briller malgré des turbulences économiques et politiques. Revenons sur les tendances marquantes, les réussites et les défis auxquels les artisans ont dû faire face.

Les temps forts de 2024

Des Jeux Olympiques sous le signe des métiers d’art

Le 26 juillet 2024, Paris a captivé le monde entier avec une cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 qui a rendu un vibrant hommage aux métiers d’art. Sous la direction artistique de Thomas Jolly, des tableaux emblématiques ont mis en lumière des savoir-faire d’exception :

  • Les plumassiers de la Maison Lemarié ont sublimé les costumes de Lady Gaga et Aya Nakamura.
  • Le Mobilier National a participé avec ses artisans à la conception des médailles olympiques.
  • Robert Mercier, maroquinier virtuose, et Jeanne Friot ont façonné l’armure de la déesse Sequana.

Cette visibilité internationale a souligné l’importance des métiers d’art comme ambassadeurs du patrimoine culturel français.

L’effet Notre-Dame : un boost pour le patrimoine bâti

À l’approche de la réouverture de Notre-Dame de Paris le 7 décembre 2024, le chantier colossal de restauration a suscité un engouement inédit pour les métiers d’art du patrimoine bâti. Une étude ISM-MAAF a révélé une augmentation spectaculaire des effectifs en formation :

  • +44 % pour les charpentiers
  • +84 % pour les couvreurs-zingueurs
  • +160 % pour les facteurs d’orgues

Cet « effet Notre-Dame » montre que les grands projets de restauration peuvent revitaliser des métiers en voie de disparition.

Les Journées Européennes des Métiers d’Art 2024 : un succès menacé

Les JEMA 2024 ont rassemblé 8 200 événements à travers la France et 28 pays européens. Avec une participation record et un taux de satisfaction de 98 %, cet événement a prouvé une fois encore son efficacité pour promouvoir les métiers d’art. Pourtant, l’annonce de l’annulation potentielle de l’édition 2025 pour des raisons budgétaires a jeté une ombre sur cette réussite. Ce recul interroge sur la volonté gouvernementale de soutenir un secteur déjà fragilisé.

Des défis économiques persistants

Des tensions budgétaires et des financements en berne

En septembre 2024, l’Institut pour les savoir-faire français, pilier de la promotion des métiers d’art, a dû se placer en procédure de sauvegarde en raison de difficultés financières. Avec un budget réduit de 2,2 millions d’euros au lieu des 3,4 millions attendus, la survie de cette structure essentielle est menacée. Notamment, le transfert du label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) au groupe suisse SGS a été perçu comme un désengagement de l’État.

Un secteur du luxe en ralentissement

Le marché mondial des produits de luxe a connu un recul de 2 % en 2024. La contraction de 50 millions de consommateurs a impacté les artisans liés au luxe, notamment dans les domaines de la joaillerie, de la maroquinerie et des accessoires. Pourtant, des segments comme la beauté et la lunetterie ont résisté, prouvant que l’innovation et la diversification restent des leviers de croissance.

Cet article a été réalisé bénévolement pour valoriser l'artisanat d'art français.
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Initiatives positives et perspectives pour 2025

Des pôles territoriaux pour dynamiser les régions

Dans le cadre de France 2030, 46,8 millions d’euros ont été dédiés à la création de pôles territoriaux des industries culturelles et créatives, incluant les métiers d’art. Cette initiative vise à renforcer les écosystèmes locaux à travers des ateliers partagés, des makerspaces, et des espaces de vente mutualisés.

Vers une reconnaissance accrue des métiers d’art

L’étude des Éclaireurs, dévoilée en novembre 2024, a permis de quantifier l’impact économique des métiers d’art, facilitant ainsi une meilleure structuration des politiques publiques. Ce travail ouvre des perspectives pour une reconnaissance administrative des métiers, un enjeu central pour leur développement futur.

Perspectives pour 2025 : entre espoir et vigilance

L’année 2025 s’annonce déterminante pour les métiers d’art. Malgré les défis budgétaires et les incertitudes politiques, des initiatives prometteuses pointent à l’horizon :

  • Maintien du Crédit d’Impôt Métiers d’Art (CIMA) pour encourager l’innovation.
  • Projet de rapprochement entre le Mobilier National et la Cité de la Céramique Sèvres-Limoges.
  • Plan « 2 500 EPV » pour doubler le nombre d’entreprises labellisées.

Cependant, la suppression des JEMA et la réduction des aides à l’apprentissage risquent de fragiliser ces avancées.

Les métiers d’art ont démontré leur capacité à rayonner sur la scène nationale et internationale en 2024. Mais pour garantir leur pérennité en 2025, un soutien financier et institutionnel cohérent est indispensable. L’innovation, la transmission des savoir-faire et l’ancrage territorial doivent rester au cœur des politiques publiques pour que l’artisanat d’art continue d’incarner l’excellence française.