Mobilier national : un mélange unique de tradition et d'innovation

En charge de l’ameublement des hauts lieux de la République (résidences affectées au Président de la République et au Premier ministre, ambassades de France, hôtels ministériels, …), le Mobilier national est également le créateur d’œuvres textiles et de mobilier pour l’État, et le responsable de l’entretien et de l’enrichissement des collections nationales et de la transmission des techniques et des savoir-faire liés à la restauration et la création contemporaine, notamment par le biais de la formation et d’activités de médiation.

Crédit : © Thibaut Chapotot - Mobilier national

L’origine de ce gardien des savoir-faire

Établissement public administratif, rattaché au ministère de la Culture, le Mobilier national est une institution qui n’a cessé d’être remaniée et réinventée pendant ses trois cents ans d’existence.

En 1663, le roi Louis XIV et Colbert créent le Garde-Meuble de la Couronne, dont la mission est de répertorier ainsi que d’entretenir et de transporter les meubles et tapisseries des résidences royales principales et secondaires. Expirant en même temps que la monarchie, plus d’un siècle plus tard, le Garde-Meuble renaît sous l’appellation de Mobilier impérial dès 1804 et c’est Napoléon Ier qui entreprend de remeubler les palais après les dégradations de la Révolution. 

À la chute du Second Empire, en 1870, le Mobilier impérial devient Mobilier national et ses collections se dispersent entre ministères, administrations et musées.

Finalement, à l’initiative d’André Malraux, en 1964, l’institution se dote de l’Atelier de Recherche et de Création (l’ARC), encore très actif aujourd’hui, qui a permis au Mobilier national d’entrer pleinement dans un processus de modernisation et de valorisation des savoir-faire français. 

Soutien et ambassadeur des métiers d’art, il se doit de perpétuer et transmettre les savoir-faire d’excellence tout en encourageant la création contemporaine. 

Crédit : © Daniele Molajoli - Ameublement de la Villa Médicis à Rome, en partenariat avec Fendi

Un rôle d’ambassadeur de l’excellence 

Si le Mobilier national est principalement connu pour l’ameublement des monuments officiels de la République et des résidences présidentielles (le Palais de l’Elysée, l’Hôtel de Matignon, le Conseil Constitutionnel, le Ministère de la Culture,...), il est aussi le dépositaire de presque cent mille objets et œuvres textiles qu’il doit entretenir et enrichir. 

Plus de trois cent cinquante personnes travaillent à la restauration et la valorisation de ses collections de meubles, sièges, tapis, tapisseries, lustrerie et dentelles, à Paris mais aussi dans les régions. 

En effet, le Mobilier national administre aussi les Manufactures des Gobelins et de Beauvais, la Manufacture de la Savonnerie, spécialisée dans le tissage de tapis de velours, ainsi que les Atelier-conservatoires de la dentelle à l’aiguille d’Alençon et de la dentelle du Puy-en-Velay, chargés de perpétuer l’excellence des savoir-faire de la dentelle aux fuseaux. 

Engagé dans la préservation d’un écosystème de talents tricolores, le Mobilier national modernise les lieux qu’il intègre, souvent classés au titre de Monuments historiques, tout en respectant leur authenticité et en assurant le confort et la fonctionnalité de son nouveau mobilier.  

Encourager la création française, donc, et permettre la cohabitation et l’harmonie de l’ancien et du moderne dans les hauts lieux de la République : voilà quelle est l’ambition de cette institution tricentenaire. 

Crédit : © Justine Rossignol - Mobilier national, Ameublements pour l’hôtel de Matignon

Promouvoir les métiers d’art français

Le dessein de Malraux en 1964, lorsqu’il crée l’Atelier de Recherche et de Création (l’ARC), est de rivaliser avec les immenses lanceurs de tendances précédents : Louis XIV, Louis XV et les Napoléon. Il aspirait ainsi à donner ses lettres de noblesse au style contemporain et à promouvoir la richesse des métiers d’art et la pointe de l’innovation française en matière de création artistique.
Depuis sa conception, l’ARC a élaboré environ 600 prototypes avec plus d’une centaine de créateurs et développe leur visibilité avec un objectif encore plus grand : celui de produire de grosses séries et de conquérir l’ensemble des lieux publics. 

Pour montrer le “mobilier de la Nation”, l’institution veut partager ses collections avec le grand public et dévoiler la préciosité des savoir-faire nationaux. Elle multiplie donc les manifestations et les participants avec : 

- Les Journées européennes du patrimoine

- Les salons notamment la participation au salon Révélations en 2022

- L’exposition  “Le Chic !” qui rassemblait plus de deux cents œuvres issues des collections du Mobilier national et a accueilli environ 50 000 visiteurs, entre octobre 2022 et février 2023, pour révéler le “chic” à la française.

- L’exposition “Les Aliénés du Mobilier national” : où des pièces inaliénables mais dont l’usage et l’intérêt se sont perdus, sont “aliénées” et confiées à des artistes plasticiens pour qu’elles soient réinterprétées et qu’elles retrouvent du caractère.

- Dépôts de mobilier dans des châteaux-musées. Une centaine de biens ont ainsi été confiés au château de Fontainebleau en 2022

Porté par une politique active et dynamique, le rayonnement du Mobilier national s’appuie sur un programme d’exposition et de partenariats à l’échelle mondiale, propulsant les arts décoratifs français sur la scène internationale. Milan, Mexico, New York et Kyoto sont autant de destinations du marché de l’art et du design que le Mobilier national a investi depuis 2022 et son engagement pour promouvoir les savoir-faire nationaux s’exporte aussi dans les Villa Médicis en Italie, Kujoyama au Japon, dans la Casa Velasquez en Espagne et dans la Villa Albertine aux Etats-Unis. 

Crédit : © Justine Rossignol - Mobilier national ;

Exposition du Mobilier national à la galerie des Gobelins, 

“Le Chic! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960”

Préparer et sécuriser l’avenir des créateurs et des métiers d’art 

La sensibilisation du jeune public à l’univers artistique et patrimonial des métiers d’art est l’une des missions du Mobilier national, pour faire vivre les savoir-faire et encourager, dès l’enfance, l’intérêt pour le travail de la main. 

Avec “Le Petit Mob’ “, l’institution veut proposer des visites variées, où le toucher permet de faire connaissance avec les collections et le chatoiement des couleurs incite à explorer sa propre créativité. Tout en découvrant le quartier historique des Gobelins, les jeunes élèves peuvent s’initier à l’art de la tapisserie et appréhender des métiers, des talents et des créations hors du commun. 

Crédit : © Justine Rossignol - Les enfants au Petit Mob’

Favorisant l’accès à l’institution à tous les âges, le Mobilier national a fait partie des fondateurs du Campus d’excellence Mode, Métiers d’Art & Design, incubateur destiné à promouvoir des savoir-faire d’exception dans un réseau de partenaires culturels et créatifs en expansion. 

Implanté à la Manufacture des Gobelins, ce lieu d’échanges et d’apprentissage a été pensé pour favoriser l’insertion professionnelle des métiers d’art, notamment via la collaboration avec des institutions comme le Mobilier national. 

La création du “Prix Mobilier national - Jeune création” récompense et valorise le travail des étudiants et peut aboutir à la réalisation de l'œuvre primée, grâce au soutien et à la participation de l’ARC. 

Cet appel à projets incite à la réflexion sur des thématiques et des défis d’avenir dans les filières du design et concrétise l’engagement du Mobilier national à transformer le futur des métiers d’art d’excellence : des étapes de la découverte et de la formation, jusqu’aux multiples opportunités qu’il commence à dessiner pour leur avenir, en Ile-de-France et dans les territoires.

Cet article a été écrit par Laura Dupui fondatrice de L’aède. L'aède est partenaire de l'association Histoires d'Artisans.

Autrice de romans fantasy et passionnée d'histoire, Laura a créé l'Aède, une entreprise de rédaction de contenus dédiée aux secteurs du Patrimoine et de la Culture. Inspirée par l'ancêtre grec du barde, l'aède, qui chantait les poèmes épiques qu'il composait, elle veut faire vivre des projets, des ambitions et des rêves à travers sa plume. Son objectif est de transmettre une vision optimiste du monde en mettant en avant les belles initiatives, les talents et les créations qui façonnent notre Patrimoine et notre Culture.